Lettre ouverte aux Autorités publiques concernant la distribution et la production d'énergie

Depuis de nombreuses années, le Secteur Privé subit les délestages pour des raisons économiques et techniques de la JIRAMA, impactant la compétitivité du pays et sa capacité de production.

Pourtant, depuis quelques années, des programmes d’extension et de réhabilitation du réseau électrique ainsi que de production d’énergie renouvelable hydroélectrique de grande capacité ont été non seulement développés mais ont trouvé des financements sans qu’ils ne voient le jour.

En effet, le système actuel de la production et du réseau est déplorable, coûteux et polluant :

  • Le réseau de distribution est vétuste et peu entretenu ;
  • Les outils de production hydroélectriques sont obsolètes, peu entretenus, sans réservoir de grande capacité ;
  • Les fermes solaires récemment installées subissent fluctuation et intermittence ;
  • Les groupes thermiques HFO sont opérationnellement coûteux en raison d’un carburant à prix élevé, d’une part et extrêmement polluant, lié aux émissions de gaz à effet de serre, d’autre part.

Par ailleurs, la JIRAMA est appuyée par la dette publique pour l’achat d’une énergie thermique revendue à perte.

En conséquence, les entreprises du secteur privé doivent subir des hausses de coût, des pertes de productivité et de production liées aux délestages récurrents. Les investissements nationaux et internationaux deviennent incertains tandis que l’insécurité de l’investissement écorne l’attractivité industrielle de Madagascar.

Des solutions pérennes sont pourtant à portée de main depuis de nombreuses années

Le passage effectif aux énergies renouvelables hydroélectriques est faisable et disponible :

  • L’aménagement hydroélectrique de SAHOFIKA est censé produire massivement de l’énergie (1 650 GWh/an) sur le Réseau Interconnecté d’Antananarivo (RIA), ce qui permettrait de rééquilibrer les comptes financiers déficitaires de la JIRAMA. Le barrage de retenue du projet qui assure une production suffisante pendant l’étiage (garantie de capacité installée de minimum 130 MW toute l’année) apporte une solution économique, financière et technique du secteur Energie.
  • L’aménagement hydroélectrique de VOLOBE prévoit quant à lui d’injecter 750 GWh/an dans le Réseau Interconnecté de Toamasina (RIT).

Ces deux aménagements permettront de (i) passer à plus de 90% de part d’énergie renouvelable hydroélectrique au niveau national, (ii) ne plus endetter l’Etat et la JIRAMA pour acheter du HFO, (iii) rééquilibrer la macroéconomie du secteur et les finances de la JIRAMA, (iv) produire de l’énergie en quantité et en qualité suffisantes, (v) économiser plus d’un million de tonne de CO2/an.

De surcroît, ces deux (2) projets dont les études sont terminées et dont le financement est assuré ne pourront qu’être bénéfiques pour l’Etat : perception d’impôts et de droits de douane supplémentaires, formation aux métiers techniques en construction, achats locaux, employabilité (…) qui sont autant de solutions pérennes et durables pour la Nation.

Des infrastructures connexes importantes de transport risquent également de ne pas voir le jour :

Deux projets importants de transport électrique sur financement de l’Union Européenne sont également prévus :

  • Le programme PRIRTEM 1, devrait interconnecter le RIT au RIA mais seulement si les deux
  • (2) aménagements SAHOFIKA et VOLOBE sont mis en service.
  • Le programme PRIRTEM 2, devrait interconnecter le RIA au Réseau Interconnecté de Fianarantsoa (RIF) mais seulement si SAHOFIKA est mis en service.

Il s’avère donc vital pour le pays que les travaux soient lancés au plus tôt.

Les quatre (4) projets évoqués ci-dessus (SAHOFIKA, VOLOBE, PRIRTEM 1 et PRIRTEM 2), qui forment un tout, sont la solution pour tout le secteur énergie malagasy et devraient démarrer sans délai pour le bien de l’économie en général et des entreprises, des usagers, de la JIRAMA et de l’Etat, en particulier.

Le coût de l’inaction et les actualisations des prix rendues nécessaires par les retards dans la prise de décision pénalisent l’écosystème et imposent de commencer les constructions au plus tôt. L’heure doit être aux réalisations.

A l’heure de la COP 28 où un appel mondial a été lancé pour tripler les capacités d’énergie renouvelables d’ici à 2030 et alors que les pays africains se sont déjà engagés à multiplier par cinq leur capacité installée dans le cadre du premier sommet africain sur le climat qui s’est tenu au Kenya en septembre 2023, Madagascar a de très sérieux atouts pour atteindre, voire dépasser ces engagements en passant au « tout renouvelable hydro-électrique » avec des projets  qui ne demandent qu’à démarrer. Nous observons avec vigilance la communication actuelle de la Banque Mondiale qui semble exiger un effort de gestion de la société d’état avant toute aide budgétaire. Tout en étant d’accord avec cette exigence de bon sens, celle-ci ne pourrait se résumer à de simples augmentations tarifaires qui ont déjà dans un passé récent plombé la compétitivité des entreprises Malgaches et tout particulièrement l’industrie du pays.

Il suffit d’une volonté politique.

Antananarivo le 12 décembre 2023